dimanche 23 juin 2013

Weekend à Gapyeong et Chuncheon

Pour fêter nos 100 jours avec Shin Yeong, nous sommes partis toute la journée du samedi visiter Gapyeong et Chuncheon. Au départ nous voulions faire les mêmes visites que Fred et Sangsun l'an dernier, à savoir l'île de Namiseom à Gapyeong, et le temple de Cheongpyeongsa à Chuncheon. Mais les aléas ont fait que nous avons eu un changement de programme en ce qui concerne Chuncheon et j'en profite donc pour rédiger un article.

Après plus de 3h de métro depuis Incheon, nous sommes arrivés à la gare de Gapyeong, notre premier arrêt. De là, nous avons eu la chance d'avoir tout de suite un bus pour nous rendre à l'embarcadère du bateau pour l'île de Namiseom.

Pour les aventuriers qui souhaitent se rendre à Namiseom ou à Jaraseom (une autre île), il est possible d'utiliser des tyroliennes plutôt que la bateau.

Frédéric a déjà donné l'essentiel des informations sur Namiseom dans cet article, mais je vais néanmoins répéter les points essentiels.
Namiseom est une petite île d'un affluent de la rivière Han (qui traverse Séoul et se jette en mer Jaune à Gangwha-do), et cette île n'aurait rien d'extraordinaire si elle n'avait pas été le lieu du tournage du drama "Winter Sonata". Winter Sonata est un équivalent coréen des feux de l'amour qui se passe en hiver sur cette fameuse île. Ce drama a fait un carton en Corée, en Chine, et surtout au Japon, et depuis l'île a été aménagée pour voir les touristes affluer vers les différents lieux du tournage.
Les hordes de touristes débarquant à Namiseom
L'île est normalement surtout visitée en hiver, mais il y avait quand même beaucoup de monde, et particulièrement des touristes chinois, en ce début d'été. La plupart des gens venaient pour prendre des photos aux endroits célèbres du drama, mais n'étant familier ni l'un ni l'autre avec Winter Sonata, avec Shin Yeong nous nous sommes contentés de profiter des espaces verts très agréables des différents parcs de l'île.
Une allée célèbre dans le drama Winter Sonata
Des reproductions de huttes préhistoriques. Comme à Ganghwa-do, il y a eu des dolmens sur Namiseom.
L'endroit où les deux protagonistes du drama se sont embrassés pour la première fois
Une autruche
Un endroit où nous nous sommes reposés à l'ombre des arbres.

Nous sommes restés à Namiseom jusqu'aux alentours de 14h, après quoi nous avons repris le bateau pour traverser et nous sommes retournés à la gare de Gapyeong.

Il nous a fallu une petite heure pour arriver à Chuncheon au bout de la ligne de métro. A l'office du tourisme, on nous a dit que nous arrivions trop tard pour aller visiter Cheongpyeongsa. A cause des travaux et du fait que nous étions restés trop longtemps à Gapyeong, nous risquions fort de rester coincés au temple avec pas de navette pour revenir.
L'office du tourisme nous a donc orienté vers deux parcs avec des sculptures et vers un festival son et lumière organisé le soir par la chaine MBC qui a un studio à Chuncheon.
Une étrange statue dans le parc des sculptures
Une autre statue, plus explicite, mais qui au moins ressemble à quelque chose.
Un tigre ?
La Corée du Nord a-t-elle perdue une de ses statues ?
Une statue avec un poulpe kawaii
Heu ... Pourquoi ils ont coupé les bras du monsieur et lui ont mis un poisson à la place de la tête ?
Une dernière statue un peu rigolote pour la route
Après avoir mangé un dalggalbi, du poulet épicé qui est la spécialité de chuncheon, nous avons pu aller voir le festival son et lumière organisé par MBC. C'était assez étrange d'avoir des arbres genre "lumières de Noël" au mois de Juin, mais c'était agréable à regarder.
C'est aussi amusant que ce soit ce moment que la mère de Shin Yeong ait choisit pour téléphoner. L'excuse du "workshop un samedi soir avec sa compagnie" sonnait un peu bidon quand il y avait de la musique et des bruits de dinosaures qui devaient nettement s'entendre dans le téléphone. Mais les parents asiatiques ont une volonté de fer quand ils ne veulent pas voir.
Un arbre décoré dans le parc
Le dinosaure qui s'est mis à faire du bruit quand la mère de Shin Yeong a téléphoné
Chuncheon de nuit

vendredi 21 juin 2013

L'impression de notre chère thèse

Après des mois de travail intensif au laboratoire, cette semaine nous avons presque officiellement terminé notre diplôme de Master à Inha. Il n'y avait plus qu'une étape avant la cérémonie de remise des diplômes en août prochain : l'impression de la thèse ! La thèse de master, ou mémoire comme on l'appelle en France, c'est ce document final issu de plusieurs mois de travail et d'élucubrations sur un sujet que vous seul parvenez vaguement à comprendre. C'est la transformation de votre travail, de vos expériences et de vos précédentes publications en un document présentable pour votre référent académique. Des heures de relecture à traquer des fautes d'anglais sans jamais vraiment parvenir à toutes les éliminer, puisque à chaque relecture on en oublie, voire on en rajoute en modifiant certains paragraphes. Mais c'est également un travail minutieux pour faire en sorte que les défauts de vos expériences ne se voient pas trop et surtout pour tenter de mettre en avant l'immense contribution que vous avez apporté à la science en changeant un signe dans l'équation de quelqu'un d'autre ou en fusionnant les travaux d'autres scientifiques.
Le dernier semestre a été long et studieux
Après avoir fait tout ça, vient le moment d'imprimer votre thèse pour pouvoir en remettre un exemplaire à la bibliothèque universitaire, mais surtout pour pouvoir essayer d'en refiler à vos proches en espérant que quelqu'un va la lire. 

Lundi dernier donc, Setha, Rottanak, Frédéric et moi nous sommes rendus dans une boutique spécialisée derrière Inha University afin de faire des devis pour imprimer nos mémoires de master. Avec Frédéric, nous pensions en imprimer peut-être 4 ou 5 exemplaires : une pour la bibliothèque universitaire, une pour Professor et 2 ou 3 à ramener en France. Nous avons donc été un peu étonnés quand nos deux collègues Cambodgiens nous ont dit qu'ils comptaient en faire imprimer une vingtaine chacun. Nous ne voyions pas bien l’intérêt de donner un exemplaire à chaque membre du laboratoire, surtout pour ceux avec un niveau d'anglais limité et pour que ça finisse à moisir en 16 exemplaires sur les étagères du labo, mais surtout nous étions inquiets pour le prix d'impression de 20 thèses d'une cinquantaine de pages.
Le vendeur tout sourire, nous a annoncé que ça nous coûterait la somme pharaonique de 150.000 wons (environ 100€), somme fixe pour entre peu importe le nombre d'exemplaires à imprimer. Ne pensant pas demander autant d'exemplaires, nous pensions payer nettement moins cher. Nos collègues Cambodgiens ont au moins été aussi surpris que nous, puisque l'un d'eux avait même émis l'hypothèse foireuse selon laquelle les signatures des professeurs nous auraient permis d'imprimer gratuitement. 
C'était d'autant plus la panique que lundi, Fred attendait encore sa carte bancaire envoyée par la poste depuis la France et devait de l'argent à pas mal de monde, moi je venais d'acheter un cadeau coûteux pour les 100 jours de relation avec Shin Yeong, et le loyer devait tomber un peu plus tard dans la semaine. Fort heureusement, le payement était à faire seulement après l'impression, et pas le jour même.
De rage, nous avons commandé 10 thèses afin d'en avoir pour notre argent.

Ce n'est que vendredi que nous avons pu aller chercher cette thèse qui nous coûte est chère dans sa version finale avec reliure et lettres en or d'or. Une nouvelle surprise nous attendait au moment de payer. Tout s'est bien passé pour Fred qui n'avait pas de carte bancaire coréenne et a tout payé en cash, mais lorsque Rottanak, Setha et moi nous sommes approchés avec nos cartes bancaires, on nous a expliqué que par carte ça nous coûterait 10% de plus pour les taxes. Il a donc fallu se hâter pour aller au distributeur HanaBank le plus proche (de l'autre côté du campus ) pour retirer des espèces et revenir. 
Quelques minutes plus tard, nous ressortions de la boutique avec nos thèses joliment imprimées et nos comptes en banque en berne.
Un exemplaire de la thèse avec un reçu à l'intérieur
C'est à ce moment qu'une inquiétude nous est venue sur ce que nous allions bien pouvoir faire de toutes ces thèses qui pèsent trop lourd pour partir dans l'avion avec nous (surtout qu'on sera déjà bien chargés). Peut-être aurions-nous du faire comme les cambodgiens, en imprimer 20 pour pouvoir en donner à tout le laboratoire et se débarrasser ainsi de quasiment toutes les thèses. A l'heure où nous écrivons ce billet, nous songeons à en sacrifier un ou deux exemplaires en l'honneur de Professor en les jetant dans le lac d'Inha, ou à en jeter du 12ème étage sur des gens qu'on n'aime pas, ou encore à essayer de les camoufler au hasard au milieu d'autres ouvrages sur les nombreuses étagères du laboratoire qui contiennent déjà moult thèses d'élèves précédents. Nous sommes ouverts à toutes propositions à ce sujet.
Ma thèse
La thèse de Fred

Comme vous pouvez le constater, le résultat final rend quand même bien !

dimanche 16 juin 2013

Songdo, ou la démesure à la Coréenne

Samedi dernier avec Shin Yeong, nous pensions aller faire un tour du côté de "Central Park" à Songdo, pour se détendre un peu et profiter du soleil sans avoir à aller jusqu'à Séoul. Nous avons été très surpris à la sortie du métro lorsque nous sommes tombés sur de gigantesques avenues sans voitures, des trottoirs quasi-désertiques et un parc au milieu des buildings qui semblait tout aussi vide que le reste de l'endroit.
A l'entrée de Central Park. Il n'y a absolument personne
Songdo (ou Songdo city) est un projet coréen débuté au début des années 2000 pour faire sortir de terre, ou en l’occurrence de la mer,  une ville ultra-moderne, high-tech et respectueuse de l'environnement. La ville de Songdo (qui fait partie d'Incheon) est directement reliée à l'aéroport par un pont  et compte dans un avenir proche devenir un des plus grand quartier d'affaires d'Asie (elle accueille également le bâtiment des Nations-Unies en Corée). Songdo se veut être la première ville du XXIème siècle s'inspirant à la fois de Manhattan et de Hong-Kong avec un côté moderne et environnemental encore plus prononcé. Le quartier a de nombreux atouts : grands axes routiers, reliée à l'aéroport et au métro d'Incheon, proche de Séoul, taxis fluviaux, pistes cyclables, parkings intelligents, taxes réduites pour les résidents et les entreprises (zone économique spéciale), buildings modernes et tous câblés en fibre optique, grands espaces verts, de nombreux bus, et une future ligne rapide vers le centre ville de Séoul en moins d'une heure. Malgré tout ça le quartier de Songdo peine à attirer des entreprises et des résidents. 
Central Park
En effet, les tours que vous voyez sur les photos sont pour la plupart vides et les bâtiments résidentiels ne sont qu'à moitié pleins par rapport à leur capacité. Il était question à un moment que des grands campus universitaires comme celui de Yonsei ou d'Inha ouvrent des campus plus petits à Songdo, mais le projet est un échec pour Yonsei et est toujours en attente pour Inha. Les associations étudiantes et les professeurs se seraient plaints que l'endroit était trop excentré et surtout qu'il n'y avait absolument rien à faire là-bas pour des étudiants. C'est un peu la même chose pour les entreprises qui pour le moment préfèrent rester autour de Gangnam ou de Yeouido, à l'intérieur de Séoul. Il faut bien reconnaitre que, ne serait-ce que pour trouver un restaurant ou une supérette, c'est un peu la galère dans Songdo. 
D'autres tours qui sortent de terre
Malgré l'apparence désertique de l'endroit (c'est bien la première fois que je traverse plusieurs fois une route à 2 voies en Corée hors d'un passage piéton), nous avons finalement fini par trouver un peu d'activité dans le haut de Central Park, autours de l'unique café du secteur et surtout à proximité d'un stand de location de canoés. Comme il n'y avait pas grand chose d'autre à faire et que les arbres encore trop jeunes du parc ne faisaient pas beaucoup d'ombre, avec Shin Yeong, nous avons loué un canoé pour 24.000wons en durée illimitée (20.000 de canoé + 2.000 par gilet de sauvetage).
Le point de location
Nous avons donc été occupés une partie de l'après-midi à naviguer sur le plan d'eau de Central Park, en essayant de percuter les bateaux des Ajummas et des Ajoshis qui passaient par là et de temps à autre en faisant la course avec le canoé d'un autre couple. Le plan d'eau n'est pas très grand et il faut faire attention à esquiver la navette motorisée qui traverse de temps à autre, et essayer de ne pas percuter les ajoshis qui se baignent là même si c'est interdit, mais l'endroit reste agréable.
Une île avec des lapins, et des ilots piégés où on peut coincer son bateau.
Retour au point de départ.
Après le petit tour en bateau, nous avons fait le tour de l'autre côté du parc avant de nous installer à l'ombre le temps d'attendre 6h30, heure du diner en Corée. Le soleil se couchant relativement tôt en Corée, les buildings font rapidement de l'ombre, ce qui est appréciable quand il fait 30 ou 35 degrés au soleil en ce moment.
Un petit coréen donnant à manger à un daim dans le parc.
Ce n'est finalement que le soir après manger que Songdo a commencé à prendre vie. Les Coréens habitant Songdo étant rentrés de leur travail sur Séoul (et oui, le samedi et le dimanche on travaille aussi quand on est un vrai coréen), les familles ont commencé à arriver dans les parcs à la nuit tombante.
Et c'est à ce moment là, alors que nous traversions un autre parc pour retourner au métro, que nous avons entendu une voix familière : "Hoooooooooooooo ! What are you doing here ?"
Nous venions de tomber sur Professor, vêtu de son costume d'Indiana Jones, accompagné par sa femme et sa fille et qui eux aussi se promenaient dans le parc.

Shin Yeong : Ho ! Encore un vieux/ajoshi qui veut parler en anglais avec toi ? (500m avant, une ajumma avait marché sur le pied de Shin Yeong et avait tenté d'engager la conversation en anglais avec moi pour me dire que j'étais très beau et qu'il fallait que je fasse un bisou magique sur le pied écrasé de Shin Yeong).
Moi : Non, c'est mon Professor. Et il parle vraiment anglais ...
Shin Yeong : Ha ... Je vous  présente mes confuses ! Je suis très honorée de vous rencontrer, ô vénérable Professor !

Mes collègues m'avaient dit que Professor habitait quelque part dans Songdo, mais nous ne pensions vraiment pas que nous pouvions vraiment le croiser. La rencontre a été un peu bizarre, mais n'a pas duré très longtemps.  Nous avons continué notre chemin pour nous rendre à une station de métro, toujours déserte.
Des immeubles résidentiels derrière le 2ème parc
Un marécage dans le second parc.

lundi 10 juin 2013

Finales du WCS World

Suite à la finale du WCS Korea la semaine dernière, ce week-end était organisé le WCS World, tournoi sensé rassembler les 16 meilleurs joueurs de Starcraft 2 des trois continents : Amérique, Europe et Corée. L'organisation un peu trollesque et sans restriction de région a fait que les trois tournois "régionaux" ont été gagnés par des coréens : HerO aux Etats-Unis, Mvp en Europe et Soulkey la semaine dernière en Corée.
Les participants du WCS World étaient à l'image des trois tournois régionaux : sur 16 joueur il y avait 13 coréens et trois occidentaux : Stephano (France, n°2 Europe), TLO (Allemagne, n°5 Europe) et DIMAGA (Ukraine, n°4 Europe). 

Le tournoi était organisé sur 3 jours, les 16ème de finale Vendredi, les 8ème et quarts Samedi, et les demi-finales et finales Dimanche. Nous n'étions pas encore partis du laboratoire vendredi dernier (et pourtant on part tôt) que les 3 espoirs des joueurs étrangers s'étaient déjà faits éliminer. Le tournoi américain avait déjà fait un flop à cause du manque flagrant d'américains, et le tournoi mondial s'annonçait guère plus intéressant. 

Le manque de mixité du tournoi et le risque grandissant d'avoir les mêmes finalistes que la semaine précédente n'ont pas joué en faveur des organisateurs du tournoi, et c'est une foule d'une taille très modérée qui a répondu à l'appel Dimanche matin pour se rendre au stade de Jamsil.
Pas grand monde à 10h pour la cérémonie d'ouverture
La première demi-finale opposant le joueur Zerg Soulkey (n°1 en Corée) au joueur Protoss sOs (n°4 en Corée) s'est terminée sur un score de 3:2 en faveur de sOs, évitant ainsi le risque d'une nouvelle finale Soulkey vs INnoVation.
Soulkey vs sOs
La seconde demi-finale a opposé le joueur Terran Mvp (n°1 Europe, mais qui est coréen) au joueur Terran INnoVation (n°2 Corée). Bien qu'étant quadruple champion GSL, Mvp fait partie des joueurs coréens sur le déclin et qui sont partis sur les tournois en dehors de la Corée parce qu'ils sont plus faciles. Le retour en Corée a été difficile et Mvp n'a pas pu tenir contre INnoVation et a perdu 3:2.

La grande Finale mondiale de Dimanche après midi, opposa donc le joueur Protoss sOs de l'équipe Woongjin Stars, au Terran INnoVation de l'équipe STX Soul.
Le big boss de la KeSPA exprimant sa joie de voir toutes les équipes de GomTV éliminées d'avoir pu participer à la création de ce grand tournoi en collaboration avec Blizzard. On notera la présence d'une vague traduction de son discours en anglais qui à défaut de tout traduire nous aura donné les points essentiels de la pensée de ce monsieur.

Lorsque la finale a finalement commencée à 16h, toutes les chaises dans la partie basse du stade étaient presque remplies, mais les gradins étaient toujours aussi vides. Une affluence en aucun point comparable avec par exemple la finale de l'OSL d'août 2012, où le même genre de stade était plein à craquer.
sOs à l'écran
INnoVation à l'écran. Il s'agit ici d'une photo de l'interview des joueurs avant les matchs.
La finale fut expédiée en 2h avec un score sans appel de 4:0 en faveur d'INnoVation. J'aimerai pouvoir dire que les matchs étaient serrés, mais à part la dernière manche qui a laissé planer un doute et a duré un peu plus longtemps, on peut dire que sOs s'est fait écraser. Et ainsi INnoVation après avoir perdu la finale de Corée, fut tout de même sacré champion de la finale Monde du WCS.

INnoVation et son équipe célébrant leur victoire
sOs avec son chèque de 20.000 dollars tout de même
INnoVation avec un chèque de 40.000 dollars
Et nous terminons avec le bisou pour le trophée

vendredi 7 juin 2013

Visite de Ganghwa-do et de Seokmo-do

Le 6 Juin étant un jour férié en Corée du Sud, nous avons décidé avec Shin Yeong d'aller visiter quelque chose pas trop loin de Séoul et d'Incheon. Notre choix s'est rapidement porté sur Gangwha-do, la grande île au Nord de l'aéroport, juste à la limite de la frontière avec la Corée du Nord (voir carte ci-dessous).
L'île est connue pour plusieurs choses : On y trouve d'anciennes forteresses et des temples, on peut observer la Corée du Nord depuis la côte nord, ses rizières, l'île compte plusieurs sites préhistoriques et on peut y trouver plusieurs dolmens classés au patrimoine mondial de l'UNESCO. 

Gangwha-do en A et Seokmo-do en B. La ligne grise est la frontière entre les 2 Corées.
Après 2h de bus depuis Incheon, nous sommes arrivés à l'office du tourisme de Ganghwa-do et nous nous sommes rapidement aperçus que pour tout voir il faudrait au moins deux jours, voir trois. Nous avons donc choisi de suivre un circuit recommandé sur une journée qui incluait la visite du temple de Bomunsa sur l'île voisine de Seokmo-do, les dolmens, puis en fonction du temps qu'il nous resterait une ou deux forteresses parmi Gwangseongbo, Deokjinjin et Chojijin.

Nous sommes donc partis en premier vers l’embarcadère de Oepori ou un bateau traverse toutes les demi-heures vers l'île voisine.
La navette vers Seokmo-do, et un Ajoshi photobomb
La traversée n'est pas très longue, à peine une dizaine de minutes pendant lesquelles les mouettes et les goélands poursuivent le bateau pour qu'on leur jette des chips au poulpe (voir viennent chercher les chips directement dans les mains de passagers si on ne les nourrit pas assez vite). La navette transporte également beaucoup de voitures et de taxis, puisque c'est le seul moyen de rejoindre l'île qui contrairement à Ganghwa-do n'a aucun pont vers le continent. 
Les oiseaux poursuivant le bateau
Une fois arrivés à Seokmo-do nous avons repris un bus vers le temple de Bomunsa. Bomunsa est un temple Bouddhiste sur le flanc de la montagne principale de Seokmo-do. La plupart des bâtiments du temple ne sont pas très anciens et datent du XIXème siècle, en revanche le sanctuaire situé dans la grotte au centre du temple est beaucoup plus vieux puisque il date du VIIème siècle. Il faut faire un peu d'exercice pour visiter le temple, mais la visite en vaut la peine.
L'entrée du temple. Oui, ça monte !
Des jarres avec du kimchi
La statue géante dans le sanctuaire

Après la visite à Bomunsa, il a fallu chercher un restaurant. Le problème sur Seokmo-do c'est qu'il n'y a pas énormément de choix au niveau des restaurants, surtout à proximité du temple, et que tous les restaurants ont alignés leurs prix. Nous avons donc fini par céder aux avances des différentes vendeuses de poulpe et d'algues frits, la plupart d'entre elles ayant un restaurant derrière leur stand. Afin de ne pas faire un trou dans nos budgets avec une soupe de crabe à 60.000wons (40€) chacun, ou un plat en gelé un peu moins cher, nous avons opté pour un bibimbap avec de la verdure, seul plat abordable sur la carte, les kalguksu (nouilles avec des coquillages) n'étant pas disponibles en été.
Un reste de bibimbap dans ma gamelle
Jusqu'à présent je n'ai jamais dit de mal des transports en commun en Corée qui sont plus que géniaux quand on compare à ce qu'on a en France. Mais, en revenant à Oepori après le repas, nous nous sommes aperçu que les bus à Ganghwa-do ce n'est pas comme à Séoul, à Incheon ou à Busan. Habituellement, l'interface interactive des arrêts de bus indique le temps d'attente approximatif avant le prochain bus et l'endroit où il se trouve actuellement. Pas à Ganghwa-do ... Sur les interfaces de bus de Ganghwa-do, les seules infos sont des trucs du genre "le prochain départ du bus 30 est prévu pour 14h30 à Ganghwa terminal", information particulièrement inutile quand tu n'es pas à Ganghwa terminal. Et à 14h31 par exemple, le panneau affiche "le prochain départ du bus 30 est prévu à 15h30 à Ganghwa terminal" et toute information sur les bus se trouvant éventuellement entre Oepori et Ganghwa terminal est alors inaccessible. Quant à l'application des bus qui marche très bien sur Incheon et Séoul, selon les lignes de bus elle indiquait soit qu'aucun bus ne fonctionnait, soit des horaires différents de ceux du panneau interactif pour les départs du terminal de bus.
Vers 15h, au bout d'une bonne heure à attendre un bus 30 qui avait supposément disparu entre Ganghwa terminal et Oepori (comme les trains SNCF qui approchent longtemps mais n'arrivent jamais), nous avons finalement pris un bus numéro 2, qui lui n'était pas annoncé, mais pouvait nous amener là où nous voulions, en faisant un petit détour comparé au trajet du bus 30.

En route avec le Bus 2 pour nous rendre sur le site et les dolmens, nous avons commencé à remarquer un nombre important d'installations militaires, de barbelés sur les plages et de soldats à patrouiller sur les routes. Lorsque notre bus a été arrêté à un checkpoint, nous avons compris que la côte que nous apercevions en face c'était la Corée du Nord. Le détour du bus 2 nous avait emmené au nord de Ganghwa-do, tout près de l'autre Corée.
Des rizières et derrière les barbelés, la côte Nord-Coréenne
Un poste d'observation et la Corée du Nord au fond
Le bus nous a finalement ramené un peu dans les terres, avant de nous larguer sur le site des dolmens d'un dolmen, au beau milieu d'un champ. Nous nous attendions à un grand champ avec plusieurs dolmens, mais ce que nous ne savions pas c'est que les dolmens en question sont éparpillés sur toute l'île. Le bus nous a donc déposé dans un champ avec un dolmen, un menhir et de nombreux cailloux en plâtre, répliques des pierres de Stonehenge, de dolmens bretons, ou encore des statues Moaï dans le Pacifique. On notera également la présence de quelques reconstitutions de huttes préhistoriques pour décorer l'endroit. Pas de quoi casser trois pattes à un canard, et ça a été un peu frustrant de faire le tour du site en un quart d'heure, après qu'il nous ai fallu 2h pour venir jusqu'ici (dont 1h15 à attendre). Nous ignorions également que nous allions attendre encore 45 minutes par 35°C avant de pouvoir bouger vers le prochain endroit à visiter.
Le dolmen que nous avons vu
Quelques cailloux en plâtre
Une hutte préhistorique
Les restes d'un autre dolmen
Nous avons ensuite voulu prendre un bus vers Chojijin, nous heurtant une nouvelle fois à des panneaux d'affichage qui n'aident absolument pas. Au bout de 45 minutes sans ombre (mais avec beaucoup de crème solaire), lorsqu'un bus vers Ganghwa terminal s'est présenté nous avons décidé de le prendre et d'éviter le risque d'attendre encore l'autre bus qui n'arriverait peut-être jamais. Après tout, c'est peut-être la Corée du Nord qui fait disparaitre les bus, qui sait ?

De retour à Ganghwa terminal, nous sommes repassés à l'office du tourisme qui nous a indiqué un bus dont le départ était prévu une demie-heure plus tard et nous permettrait de visiter Gwangseongbo puis de continuer vers Chojijin. D'après le coréen de l'office du tourisme il était même possible de trouver un bus 700 pour rentrer à Incheon en face de Chojijin.

Gwangseongbo et Chojijin font partie du réseau de forts et forteresses qui ont servi à défendre l'île de Ganghwa-do, qui occupe une position stratégique à l'embouchure de la rivière Han, contre plusieurs attaques étrangères.
L'entrée de Gwangseongbo
Les deux forteresses de Chojijin et Gwangseongbo ont servi à défendre la Corée contre une attaque Française en 1866. Pour le contexte historique : suite au massacre des missions Catholiques Françaises en Corée ordonné par le régent Taewon'gun, le contre-amiral Roze fut envoyé depuis le comptoir de Shanghai pour aller attaquer Séoul en représailles. Ne parvenant pas à maintenir ses troupes sur Gangwha-do, et n'ayant pas les forces nécessaires pour capturer Séoul, le contre-amiral Roze se contenta de canonner plusieurs sites le long de la rivière Han et de piller ce qu'il pouvait avant de rentrer en Chine. C'est à ce moment que les manuscrits royaux furent volés à Gyeongbeoggung, manuscrits qui ont été rendus à la Corée en 1993 par François Mitterrand, en échange de quoi les coréens achetèrent du TGV français (qui deviendra le KTX), plutôt que du Shinkansen japonais.
Un poste de défense à Gwangseongbo
Gwangseongbo a également servi lors de l'attaque américaine de 1871 pour forcer la Corée à s'ouvrir au commerce extérieur. En effet, à l'orgine le nom de "Royaume Ermite" ne désignait pas la Corée du Nord, mais l'ensemble de la péninsule Coréenne sous tutelle de l'empereur de Chine et qui au XIXème siècle refusait tout commerce avec l'extérieur.

Des canons abandonnés par les français à Gwangseongbo
Finalement, ces forteresses servirent une dernière fois en 1875, lors d'un échange de tirs de canon avec la flotte japonaise. Les coréens ont utilisé les canons abandonnés par les français après la retraite du contre-amiral Roze en 1866. Cet incident mènera au traité de Ganghwa, premier traité inéquitable d'une longue liste qui permettra au Japon d'annexer la Corée en 1910.
Le fort de Chojijin
Intérieur du fort de Chojijin
On notera que nous sommes visiblement arrivés trop  tard pour visiter le fort de Chojijin (d'où la photo un peu fail). Le site était sensé fermer à 19h, mais à 18h20 il n'y avait plus personne au guichet pour récupérer des tickets d'entrée et tout était fermé.
Plus trololo encore, l'arrêt du bus 700 évoqué par le coréen de l'office du tourisme n'existait plus et il nous a donc fallu marcher jusqu'au prochain village près du pont Sud de Ganghwa-do pour espérer trouver un restaurant et un bus.
Les rizières le long de la route
Nous sommes finalement tombé sur un petit village avec un arrêt de bus, un centre commercial en ruines, deux restaurants, et un motel/karaoké douteux. A l'arrêt de bus, il n'y avait pas d'affichage du tout. Bêtement nous nous sommes donc fiés à l'application qui n'indiquait aucun bus pour Incheon avant 1h et 1h30 ce qui nous laissait le temps d'aller manger.
A peine avions nous traversé la rue pour aller explorer un restaurant chinois, qu'un bus 700 pour Incheon est passé, bus que nous n'avons donc pas pu prendre.

Nous sommes donc allé manger.
Mauvaise surprise en sortant du restaurant, l'application n'indiquait plus aucun bus pour Incheon avant le lendemain matin, les deux bus initialement prévus s'étant évaporés dans la nature, comme tous les bus sur l'île de Ganghwa-do. Espérant que l'application avait encore tord, nous nous sommes assis à l'arrêt de bus et nous avons attendu.
Au bout d'une heure avec toujours aucun bus qui n'arrivait, que ce soit pour Incheon ou pour ailleurs, nous avons commencé à nous inquiéter un peu, d'autant qu'il était 20h et donc que la nuit commençait à tomber. Il y avait un autre couple avec nous également perdu et qui n'avait pas l'air de savoir plus que nous si un bus allait finir par arriver ou non. Nous avons songé à appeler un taxi, et puis nous nous sommes ravisés en voyant les panneaux vers les villes les plus proches : Gimpo 22km (et on ne voulait pas du tout aller là), Séoul et Incheon environ 50-60km.

Moi : Hmm ... Ça nous reviendrait peut-être moins cher de prendre une chambre dans ce motel pour la nuit et de prendre le premier bus demain matin, toi pour aller travailler et moi pour rentrer à Incheon.
Shin Yeong : Non, on ne peut pas passer la nuit ensemble aujourd'hui.
Moi : Pourquoi ? Appelle chez toi et dit leur que tu es coincée à Ganghwa-do parce qu'il n'y a plus de bus.
Shin Yeong : J'ai dit à mes parents que j'allais faire du shopping à Séoul aujourd'hui ...
Moi : Du shopping toute la journée ? Et ils y ont cru ? En attendant, il semble que nous soyons coincés ici, il va bien falloir inventer quelque chose. En plus, il est 20h, ta mère ne va pas tarder à appeler.
*Le téléphone de Shin Yeong sonne*
Shin Yeong : Haaaaa ! C'est elle ! Qu'est ce que je dis ?
Moi : Je ne sais pas ... Improvise !
* S'en suit une conversation au téléphone. J'entends sa mère qui crie dans le téléphone.*
Moi : Alors ? 
Shin Yeong : Elle est furieuse parce qu'elle a préparée un barbecue et de la pastèque et que personne n'est à la maison, ni mon frère, ni moi. Je lui ai dit que j'allais arriver en retard ...
Moi : Donc tu ne lui as pas dit que tu étais coincée à Ganghwa-do ... Elle va être encore plus en colère si tu ne rentres pas.
Shin Yeong : J'appelle la société de bus ! Ils doivent savoir ! Normalement il y a des bus jusqu'à 22h.
* appelle la société de bus *
Shin Yeong : Haaa ! Il ne savent pas pour Ganghwa-do !!!!! Pourquoi ?!
Moi : Bon, je vais voir les tarifs du motel ...
Shin Yeong : 왜 안 오지 ?! 집에 가야 해 !  *cris incompréhensibles et chargés d'émotion de fille asiatique sur laquelle le sort s'acharne (ceux qui ont, ou ont eu une copine asiatique savent de quoi je parle)*

Coucher de soleil sur Ganghwa-do. Oui, la photo n'est pas spécialement jolie, mais nous étions coincés là
Finalement, un bus a fini par arriver 10 minutes plus tard. Pas pour Incheon, mais pour l'aéroport de Gimpo. Ça nous a fait faire un sacré détour, mais Shin Yeong a pu rentrer et donc éviter de se faire totalement désintégrer par ses parents.

A part les immenses Fails avec les bus, c'était une bonne journée et c'est vraiment un endroit que je recommande d'aller voir si vous êtes sur Séoul ou sur Incheon.